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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 20:20

Pour la deuxième année consécutive, je suis de retour sur ce trail. Les raisons sont simples. A un peu plus d’un mois des Templiers, cette course normande est pour mois placée à une date parfaite pour sa préparation. Comme pour un marathon où l’on fait un semi quatre semaines avant, je fais mon semi aussi mais pour un 100km, le semi c’est un 50 km ! J’ai refait un bon foncier après l’Embruman, ici cela va permettre de regarder un peu  où j’en suis. L’idée est aussi de tester les aspects nutritionnels (et aussi pour le paysage magnifique !). Car ce trail, même s’il parait tranquille sur le papier s’est durci d’année en année jusqu’à être maintenant proche du point UTMB. Par rapport à l’an dernier, deux changements importants : un, il fait grand soleil et deux, on est passé de 500m D+ à 800m D+ et à 51 km au lieu de 47 km.

 

Pour le moment, il est 7h25 et nous sommes assis à l’arrière du car qui nous amène au départ à Gournay en Caux (à Gonfreville l’Orcher dans la périphérie du Havre) depuis Etretat. Je discute avec la personne assise devant moi qui s’est présentée à la porte du car comme venant du team Brook. Je lui pose la question sur ce qu’est ce team et il me dit qu’en fait il connaît un patron de la boite Brook. Voilà la glace est brisée et nous sommes maintenant à parler triathlon car ce monsieur vient de ce monde là. Quelques Ironman (Nice et Cambrai), du 100km (Millau et Stenwerk), c’est du lourd. Mais le gars n’a pas fait l’Ironman d’Embrun, lui ! Blague à part, en fait, c’est parce qu’en fait il ne peut pas prendre de congés en août, alors pour lui, pas d’Embruman ni d’UTMB 

 

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A l’arrière du car,  les trailers tiennent salon. Il y a aussi du lourd. J’avais remarqué ça l’an dernier, ce trail attire des gens qui ont déjà vu du terrain en matière de trail. Comment l’expliquer ? La date, surement, bien placée pour préparer les grands trail d’automne. Et aussi des personnes qui ont déjà tout fait et qui viennent ici pour se rappeler des émotions passées tout se limitant à un trail pas trop ultra et surtout très sympa. Et comme agence de conseil en trails, il n’y a pas mieux que ce salon ! Alors, tout en regardant à travers la vitre du car le soleil se lever, on parle de trail. Ecotrail à Paris, Urbantrail à Lyon, Templiers puis Trail des Hospitalier dont j’avais vaguement entendu parler. En fait il s’agit du trail historique des Templiers c'est-à-dire partant de Nans, et qui reprend le parcourt du premier ultratrail jamais organisé en France  il y a plus de 10 ans. Retour au mythe d’origine avec ce trail des Hospitaliers, surtout que les Templiers sont maintenant perçus comme un peu trop courus par ces historiques de la discipline.

 

On peut aussi faire ce trail pour trois spécificités qui lui sont propres. La première nous y sommes, c’est l’organisation de l’avant-course. Je détaillerai les deux suivantes plus loin. Dans la salle où nous nous préparons tranquillement au chaud, on nous propose café / croissant pour tromper l’ennui et aussi parce qu’avant 7h, les hôtels ne proposent pas le petit dej et les bistrots sont fermés le dimanche à cette heure là. Et avant un trail, il faut manger. Non seulement les deux ou trois jours qui précédent et qui font qu’on arrive rempli à bloc de glycogène au départ. Mais ces réserves ne vont durer que trois heures maximum. Il faut donc refaire ces réserves au fur et à mesure de la course. Notamment en mangeant du solide juste avant de partir et aussi pendant la première partie de la course. Voilà ce qui distingue le trail du cross, c’est le fait qu’il faut être capable de digérer et de re-fabriquer son énergie tout en courant. C’est le cas pour des courses de plus de 4 heures, comme sur ce trail ci qui a tout d’un grand et ultra trail ! Les personnes étendues au sol après 40 km et fauchés par des crampes témoigneront de cette vérité.

 

Le départ est donné après un hommage donné sous forme d’applaudissements à un des organisateurs décédés cette année. Instant émouvant et qui est tout à fait dans la suite logique de toute la gentillesse montrée par les organisateurs et les bénévoles présents tout au long du parcourt.

 

Si le soleil est attendu, cette matinée de septembre n’est pas trop fraiche et il fait déjà bon à l’heure du départ (9h). Comme toujours ça part très vite. En effet, une boucle est réalisée dans le village afin d’espacer les coureurs avant la première difficulté qui crée immanquablement un bouchon (le seul). Alors ça fonce pour être dans le bon wagon et éviter ce bouchon, surtout pour ceux prenant le premier relai. Pour ma part, j’ai passé l’âge de jouer à ça et démarre tranquille. D’ailleurs, je me sens plutôt lourd, on ne peut pas dire que j’ai de bonnes sensations, surement la nourriture ingurgitée depuis ce matin. Je me demande ce que je suis venu faire là. Ah oui, préparer les Templiers ! Mais les doutes vont vite laisser place à l’espoir. Passé la première côte, on traverse un paysage de champs cultivés (maïs, luzerne, …) avec la compagnie des chasseurs qui canardent de tous côtés. Il se trouve que la chasse a ouvert deux semaines plus tôt cette année. Nous plaidons l’innocence en levant les bras ! Puis, peu à peu, les muscles chauffent et le corps trouve peu à peu son rythme.

 

Après un peu moins d’une heure de course, j’entame mon premier ravito perso. L’idée est d’en prendre un à chaque heure jusqu’au 3 heures de course. Comme mes ravitos sont assez complexes (et longs) à digérer (pain complet énergie à base de noisettes, figues, …) accompagné de viande des grisons, je prévois de passer aux sucres rapides (avec parcimonie) sur les deux dernières heures. En effet, je fini en général à bloc les trails car je touche les bénéfices de mes ravitos de la première partie tandis que je suis un peu lourdaud sur le début. Mon premier ravito perso fut pris quinze minutes avant le départ (du pain énergie et la viande de grisons) et nous voici au ravito perso de la première heure.

 

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La course se poursuit et nous voilà déjà arrivé à la rivière au bout d’une heure quinze de course. C’est la seconde spécificité de cette course, à savoir qu’il faut courir dans 40 cm d’eau pendant quelques mètres. Au début, ça fait peur. Mais avec l’expérience, et des elasto autour de chaque orteil la peau est suffisamment protégé pour gérer l’humidité dans la chaussure (qui sèche vite en fait) et éviter d’avoir les pieds en sang plus tard.

Au bout d’une 1h24 nous arrivons au ravito de Rolleville (14,5 km). Le rythme n’est pas si lent que ça puisque ça fait 14.5 km que l’on est parti. Je termine mon litre d’eau et fait le plein. Je ne prends pas grand-chose, j’ai tout sur moi, et je repars.

 

Un peu après ce ravito, à la sortie d’un chemin, je me retrouve sur une route et face à la troisième spécificité de ce trail. Ici il y en a qui se sont perdus et que l’on a pu revu ! Eh oui ici on se perd parfois. Encore quelque chose qui fait de ce trail un grand trail car il faut courir intelligemment. Et là, comme je n’étais pas encore bien réveillé, j’ai encore appris qu’en cas de doute, il faut stopper et non continuer. En plus quand je suis arrivé à l’intersection, il y avait des gens devant moi. Et tout d’un coup, ils avaient disparu ! Mystère et boule de gomme, je me demande bien où aller et ne sais où. Le pis, c’est que des personnes du relai m’ont suivi en toute confiance. Au bout d’un moment, je leur explique qu’on a du se gourer mais comme elles ont des écouteurs sur la tête elles n’entendent rien alors je les laisse se débrouiller et fais demi-tour. L’organisation devrait d’ailleurs proscrire les écouteurs car cela va à l’encontre de l’esprit trail où tout le monde se parle et même si les relayeurs ne font qu’une portion du parcourt, ça n’est pas une raison. D’ailleurs, je n’ai vu aucun trailer du 51 km avec écouteurs. Aux US, les écouteurs sont interdits sur marathon pour des raisons de sécurité, vu que l’on ne peut pas prévenir quelqu’un en cas de danger imminent. Après avoir fait demi-tour, je cherche le chemin dans le sens opposé de la route mais sans succès et là je tombe sur quelqu’un qui cherche des infos au téléphone et qui m’explique qu’en fait il fallait faire un demi-tour complet à la sortie du chemin et que la bonne direction était derrière nous à ce moment là.

 

Mis à part cette péripétie qui a du me faire perdre entre 5 et 10 minutes, je suis de retour sur le parcours. Au bout de 2h, je suis maintenant dans le rythme mais j’ai pas mal de douleurs aux jambes. Elles vont finir de disparaitre dans la 3eme heure. A ce moment je le sais car j’ai déjà connu ça dans les deux ultratrails que j’ai fait. Vers le km 25, nous avons le bonheur de trouver un point d’eau avec musique. Il est organisé par quelqu’un qui semble en dehors de l’organisation car c’est fait maison. Deux verres d’eau sur la tête et deux autres derrière la cravate, ça fait du bien car j’avais déjà bien chaud ! Il n’est pourtant que 11h mais il n’y a pas un souffle d’air.

 

Jusqu’au km30, nous empruntons un chemin assez cassant suivant des voies de passage dans les champs. Le sol n’est pas rectiligne, très bosselé et caché sous de l’herbe, ce qui fait qu’on ne peut pas prévoir où on pose le pied et fatigue bien les appuis. Peu de bitume donc et surtout des ornières dans les champs.

 

En ralliant le ravito du km30, je rattrape avec un frère d’Ecotrail 80km que j’avais déjà doublé tout à l’heure avant de me tromper de chemin. Nous discutons et j’apprends qu’il a fait et fini l’UTMB en 43 heures. Du lourd. Le premier que je rencontre qui fini un UTMB. Il ne va pas bien vite, n’est pas très léger mais il coure avec un bon rythme, solide. Il me transmet quelques tuyaux comme le fait de savoir faire de grande pose pour bien récupérer avant les portions difficiles. Au ravito du 30, je le perds tandis que je termine ma bouteille (il restait 1 bon tiers !). Je mange un morceau de banane, prends un coca et fais le plein. Je ne prends rien de solide car j’ai envie d’être plus léger sur le final et de ne pas être tout le temps en train de digérer. Je ne prendrai d’ailleurs pas mon ravito perso prévu après le km30 afin de rester léger en course.

 

Au bout d’un km ou deux, je suis rattrapé par deux relayeurs ayant un bon rythme (dont une gazelle que je salut, elles sont si rares sur ce trail). Et là je m’interroge. Les laisser partir ou bien s’accrocher. En même temps, je me dis que les relayeurs sont aussi là pour relancer les trailers et donner du rythme à la course. Alors je décide de donner un petit coup de rein pour les rattraper et les suivre. Ils vont vite pour un trailer qui a déjà fait 30km, ca fait un peu mal mais c’est tout à fait supportable et grâce à eux deux, je m’accroche.

 

Dans ces 20 derniers km , le parcours est plus roulant avec davantage de chemins gravillonnés, voire bitumés. Nous traversons une alternance de plaines et de sous-bois. Au bout de quelques kilomètres, pour la 3eme fois nous doublons (car nous sommes trois maintenant) mon copain de l’Ecotrail, ce sera la dernière, il ne me reverra plus ! Au fur et à mesure des kilomètres, la vitesse des relayeurs faiblit un peu et je les suis de mieux en mieux. Vers le km40, tandis que la relayeuse mange quelques saletés à base de gel sur les conseils de son coach de mari, j’en profite pour prendre une barre de céréale au chocolat pour le final.

 

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Le finale de la course se fait sur les falaises de la cote d’Albâtre. L’arrivée près de la grande bleue nous donne un peu d’air frais avec la brise marine et nous fait du bien alors que le soleil est maintenant bien haut (il est 13h environ). Mais ce finale est aussi plus pentu et technique. Surtout depuis cette année où l’on devra escalader deux fois la falaise. Nous grimpons une première grosse côte suivie d’un replat. La gazelle du relai n’a pas les jambes pour récupérer de la côte et péte une clim. Moi, je me sens très bien (je récupère dans les côtes !) et donc je lache mes lièvres ainsi que les chevaux ! Ce couple arrivera qq minutes après moi et la gazelle ratera de peu le podium relai fille. Nous redescendons dans un creux puis remontons pour longer le golf puis enfin descendre dans Etretat. Ma chérie est là pour me photographier, j’apprécie.

 

Arrivée sur la digue, je constate que je n’ai plus d’eau. Pourtant la course est loin d’être terminée car nous remontons de l’autre coté de la digue par une petite route à 10% de pente. Cette côte va bien au delà de la chapelle qui pourtant au sommet de la falaise est suivi d’un chemin technique en descente,  puis d’une remontée. Nous débouchons sur une grande boucle de 2 km sur un chemin sur le plateau de la falaise nord. Puis retour sur la chapelle et descente par l’escalier vers la digue pour l’arrivée. Sans eau, sous le soleil, ce final est assez éprouvant et plusieurs concurrent s’en sont plaints … Je termine en solitaire en 65eme position en 5h19’29s.

 

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Dominique Bayart vous salue bien !

 

Le bilan de ce trail est intéressant. En premier lieu, la fraicheur mentale est revenue. J’ai eu la grinta et même si je n’ai pas couru contre le chrono, je n’ai pas pu m’empêcher de suivre les relayeurs pour faire un temps. Au risque de fatiguer un peu mes jambes mais il reste presque un mois et demi avant les Templiers, j’ai le temps de récupérer. Ensuite, j’ai encore appris sur la diététique pour le trail. Le pain que j’ai pris ici était trop complet, trop difficile à digérer. Il me faudra un pain énergie blanc, surement maison. La viande des grisons est validée à nouveau pour son apport en sodium, sels minéraux et en protide/lipide. Et j’ai aussi passé un cap au niveau du rythme. Après deux jours de repos complet, j’ai repris mon entrainement en soirée dans le bois de Clamart : un parcours fait tranquiloux sur environ 80mn à 85 mn selon les soirs. Aujourd’hui jeudi c’était 78 mn sans forcer !

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commentaires

J
Bonjour<br /> bravo toujours très intéressant de lire ton compte-rendu qui m'aidera sans doute samedi car je suis inscrit sur le 65 du trial des terrils malgré un entrainement moyen mais le puissance comptera<br /> beaucoup car des 10 kms le parcourt attaque les premiers terrils<br /> mais je te raconterai cela après
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