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26 mars 2024 2 26 /03 /mars /2024 14:17

24 Mars 2024, je suis à Verdun pour un trail très particulier car il se déroule sur le champ de bataille de la fameuse bataille de Verdun en 1916 et où 700 000 soldats ont trouvés la mort. Le pilonnage avec 6 obus au mètre carré a fait que 100 000 soldats n’ont même jamais été retrouvés, que des villages entiers ont été rayés de la carte et ont été déclarés morts pour la France … Enfin même l’altitude de la colline a bougé puisqu’elle a baissé de 10m suite à cette bataille. Le lieu est donc comme habité par cet évènement au combien sanglant et est devenu un lieu de souvenir, lui-même protégé. Le profil du terrain a été préservé et est resté le même qu’après la bataille afin de garder une idée de ce qui s’est passé. 

 

Un des nombreux cimetières présents sur la colline

Un des nombreux cimetières présents sur la colline

La direction de course a décidé pour la protection du site que les concurrents ne pourraient pas venir en voiture mais par des bus mis à disposition sur la zone d’arrivée à la base de loisir. Du coup, les accompagnants ne peuvent pas venir au départ ce qui n’est pas très sympa. Ce système m’a couté une heure de sommeil puisqu’il fallait être au bus pour 6h30 ce qui est plutôt matinal et veut dire réveil avant 5h30.

Des poilus sont là pour nous soutenir !Des poilus sont là pour nous soutenir !

Des poilus sont là pour nous soutenir !

Dans le bus je cause un peu et plusieurs personnes disent ne pas avoir pris de bâtons vus que le terrain est sec (mais gras dit la direction de course). En fait après le passage des concurrents, les chemins sont des rivières de boue et les efforts pour trouver des appuis sont encore plus importants en l’absence de bâtons.

Trail des Tranchées de Verdun 56 km

Le départ va être donné. Des personnes déguisées en soldats ou en sœurs secouristes, comme en 1916,  nous mettent dans l’ambiance. Une minute de silence est observée avant le départ afin de bien rappeler où l’on se trouve. Il fait 3 degré avec un léger vent. Je mange un dernier paquet de Belvita. C’est le départ le plus froid que j’ai connu mais au moins on est au sec. Coté vestimentaire, je porte trois couche sur moi : maillot, veste, et veste de pluie, et bonnet de ski de fond sur la tête. J’ai connu des départs de trails, plus chaud, plus gais et encouragés par les suiveurs !  
 

Le parcours sillonne la colline par presque tous les chemins !

Le parcours sillonne la colline par presque tous les chemins !

7h30 le départ est donné ! Mon objectif est de ne pas être grisé par la vitesse et de garder mon énergie pour la suite. Durant tout le trail, j’utilise un bidon de malto de 600 ml et un bidon de 600 ml eau claire. J’essaie de boire les deux en 2 heures. 

Au bout de quelques km, comme prévu, la machine ayant chauffé un peu et le temps restant au sec, j’enlève ma cape et mon bonnet pour passer à la casquette et veste donc avec plus que deux couches.

La direction de course n’a pas prévu de chronométrage au long de la course, alors qu’il y a pourtant une puce sur le dossard. Elle ne sait donc pas combien de concurrents sont passés à chaque ravito ni sur le taux d’abandon. Afin d’être sûr de n’oublier personne, un serre-file va devoir suivre le dernier concurrent en course. J’espère donc ne pas avoir cette personne aux trousses car ce ne serait pas une bonne nouvelle pour moi !

Rien n’est prévu pour les accompagnants. Déjà que le départ n’est pas accessible, les ravito sont cachés dans les bois sans adresse précises donc introuvables par les accompagnants. A nouveau, l’organisation a géré comme si elle organisait un marathon où il est rare d’avoir des accompagnants.

Les  premiers 10km sont assez roulants, comme un trail classique avec des portions larges et planes et quelques grandes montées ou grande descentes. Je discute un peu à droite à gauche, notamment avec un concurrent qui a fait UTMB et diagonale des Fous. Donc un concurrent qui doit savoir gérer son effort j’imagine. Au bout d’une heure, je mange un paquet de Belvita. Pour le moment les sensations en course sont bonnes. 

Trail des Tranchées de Verdun 56 km

Nous progressons tranquillement au sec ce qui est une bonne nouvelle et atteignons le premier ravito au km 16 en 1h40 environ.

 Il y a toujours la surprise de savoir ce qu’on va trouver comme composition du ravito. Je savais après avoir discuté la veille qu’il n’y aurait pas de soupe chaude. Je découvre qu’il n’y a pas non plus de sucres lents. C’est un ravito de marathon et non de trail, basé sur les sucres rapides (raisins et abricots secs, coca ...) qu’on aura brûlé en 30 mn. Seule la banane pourra procurer les sucres moins rapides. Je passe un bon quart d’heure à ce ravito ce qui est bien plus que les autres concurrents (je perds donc mes nouveaux copains de course). Je retrouverai certains plus tard, d’autres seulement après la ligne d’arrivée ! Même si le ravito est chiche, j’ai essayé de bien m’alimenter car avec 2 ou 3h de digestion, ce ravito est important pour les 20 prochains km. Sachant que le prochain ravito aura lieu dans plus de 2h j’ai prévu un paquet de Belvita à mi-distance entre les ravitos afin de garder un taux de glycémie suffisant.

Apres le premier ravito au km 16, j’attaque le cœur du sujet sur des chemins plus étroits et en permanence vallonnée. Première douleurs au iscio mais qui vont passer peu à peu pour des douleurs distribuées un peu partout mais non violentes. Vers 11h la pluie fait son apparition, je bâche et met la veste de pluie. Mais la pluie ne dure pas trop longtemps. Peu à peu ma casquette est trempée et la pluie à 4 degré la transforme en glaçon.

Le ravito des 32 km est un copié-collé du 15km, et je prends la même chose. Je constate ne pas avoir trop bu car le bidon d’eau est à peine entamé. Par 4 degré, la soif n’est pas forte je dois avouer. Je repars vers 12h30 et dépasse ou rejoins Eleane et Catherine selon les endroits mais ne retrouve plus Christophe. J’abandonne ma casquette glacée pour un douillet bonnet de ski de fond et remet la veste.
 

Les flexions des iscio fatiguent bien à la longue ...

Les flexions des iscio fatiguent bien à la longue ...

On patauge dans la boue mais c’est encore gérable et seulement par moment. Il y a une succession de trou où il faut tout d’abord descendre puis remonter de l’autre côté. Cela sollicite bien les iscio un peu comme dans du ski de bosse. J’essaie de relancer avec les bâtons au passage au fond du trou. Je relance en permanence et ça fatigue bien à la longue. Les reprises d’appuis doivent souvent être fournies par les bâtons mais les bras chauffent. Une fois les averses de pluie et grêle terminées, je repasse en maillot et enlève le bonnet. Une éclaircie se fait peu à peu voir ce qui donne le moral ! Depuis le km 32 je reprends quelques concurrents qui pataugent un peu plus que moi dans la boue.

Finalement j’arrive au ravito du km 42 dont la composition est un peu améliorée avec l’apparition du fromage et des tucs. Il reste encore 14 km à faire donc il faut manger !

Le soleil va décliner et l’allure baisser donc je décide de changer de maillot et de repasser en 2 couches et remet mon bonnet me disant que la fin serait moins rapide donc mon corps va moins chauffer.

Apres le km 42 on se dirige en direction de la sortie du terrain militaire et tous les parcours (18km, 32 km) convergent sur ce long tronçon où environ 3000 personnes sont déjà passées ! Donc le terrain est une soupe de boue de 20 cm d’épaisseur ou les appuis n’existent plus. Il faut trouver des passages parallèles moins mous mais c’est souvent impossible. Il devient impossible de courir. 

Trail des Tranchées de Verdun 56 km

Je regarde les km sur ma montre, chaque km passé est une petite victoire. Je passe aux barres de sucre rapide que j’ai sur moi.

Finalement après une très forte et longue remontée, on rejoint une piste forestière où je peux enfin courir à nouveau ! Elle nous mène au point eau du cimetière de Belleville. J’y trouve un coca qui me fait du bien. Une fois n’est pas coutume, retrouver le bitume n’est pas désagréable vu la boue dans la forêt. Le bitume veut dire aussi qu’on attaque la partie finale, longue de 4km tout de même, donc non négligeable. Il va falloir retrouver un rythme pour arriver à courir d’une allure correcte et faire ces 4 km en une demi-heure et non une heure ou plus.

On longe la Meuse sur plusieurs km, ça sent l'écurie !

On longe la Meuse sur plusieurs km, ça sent l'écurie !

Je rejoins et longe la Meuse. Au bout de quelques km, je la traverse pour rejoindre Verdun par l'imposante Porte Chaussée puis monte l’immense monument dédié à la victoire. Je bascule enfin de l’autre coté en direction de la base de loisir.

L’arrivée proche donne des ailes et le dernier km se fait certes avec des douleurs, mais gentiment en essayant de déguster ce moment tant attendu. Je passe un dernier pont et rejoins le gymnase ou l’on me remet une médaille en chocolat (non pardon en bois, juste bonne pour allumer le barbecue …).

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Finisher 56 km

Finisher 56 km

On retrouve à l'arrivée hélas un ravito du même type que ceux de la course donc pas alléchant. Sinon rien d’autre n’est prévu à l’arrivée qui est donc tout sauf festif. Pourtant ce n’est pas un simple 10 km qu’on vient de terminer ! Je me paie une bière histoire de fêter un peu mon arrivée ...

Sur les 500 inscrits au 56km, seuls 417 termineront ce trail. Pour ma part, je termine en 378eme position en 9h24 ce qui est au ¾ des inscrits. Ce chrono plutôt élevé pour un 56 km s’explique par la partie qui va du ravito du km 42 au km 51 (cimetière de Belleville) qui n’était plus courable tant le niveau de boue était élevé. En plus, à partir du km 20, les chemins étaient tout le temps boueux et la reprise d’appuis très difficile ce qui explique une progression ralentie. Il serait temps que je retrouve des trails où l’on peut courir dans de bonnes conditions ! Pour y parvenir, tout d’abord viser plutôt fin avril que fin mars. Ca ne garantira rien mais la probabilité d’avoir 3 degré au départ et de recevoir des seaux d’eau sur la tête sera moins importante. Et il faudra aussi que j'étudie mieux le type de parcours pour cherche du dur …

 

 

Un peu crotté à l'arrivée

Un peu crotté à l'arrivée

Un autre enseignement est que j’ai pris un peu ce trail à la légère. Pas au niveau de ma prépa qui était correcte pour cette distance. Mais plutôt au niveau de ce que j’avais à manger dans mon sac. Tout d’abord je n’avais pas racheté de barres énergie, faisant confiance au ravito et me disant que sur une course de 7h c’était suffisant. Sauf que la course a duré pour moi presque 9h30 et qu’il n’y avait pas de sucre lent sur le ravito hormis quelques morceaux de bananes. J’ai utilisé des Belvita pour les inter-ravitos et ça s’est plutôt bien passé mais c’est au ravito que ça manquait d’énergie à temps long. Les prochaines fois, je prendrai des tucs, du pain et du fromage sur moi ce qui me permettra d’assurer et aussi de passer moins de temps au ravito. Je gagnerai ainsi sur les deux tableaux.

Le trail des tranchées de Verdun est donc un trail mémoriel qui vaut le détour car il ne ressemble à aucun autre trail. Pour moi c’est fait, et l’an prochain ce sera ailleurs …

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