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19 avril 2022 2 19 /04 /avril /2022 16:21
Trans-Aubrac Capuchadou 53km

Samedi 16 Avril 2022. Il est 9h55 et me voici dans le sas de départ, prêt à m’élancer. Pour ce trail j’ai la chance d’être soutenu par ma compagne Brigitte ce qui est important pour le moral. La préparation s’est passée sans souci et j’ai pu mener à bien le plan d’entrainement final sur les sept dernières semaines avec 3 belles sorties par semaine. Cette dernière semaine j’ai bien levé le pied avec une seule sortie en endurance cool de 1h mardi dernier. Coté alimentation, je ne fais plus de menu spécifique la semaine d’avant course et fait plutôt appel au bon sens. Plus de 2 jours avant la course, vu qu’on ne court plus, il faut réduire les apports alimentaires donc c’est plutôt axé sur de la nourriture à base de légumes (gratins de courgettes ou aubergines, soupes, etc) sans viande ou fromage sec et peu de glucides. Je garde quand même un bon petit déjeuner à base de pomme, muesli et pain de seigle et graines. Dans les deux derniers jours, j’introduis les légumes secs à faible indice glycémique comme les lentilles puis la veille les pâtes (al dente) avec des fruits de mer. Comme le principe du trail est que l’on court tout en digérant de la nourriture, il est inutile de faire de très fortes réserves. Le petit déjeuner d’avant course doit être bien sur renforcé avec même encore un petit quelque chose 10 mn avant le départ.

Trans-Aubrac Capuchadou 53km

La course où je suis inscrit s’appelle le Capuchadou et part de Laguiole pour rejoindre St Gêniez d’Olt en passant par le village d’Aubrac. Le parcours est donné pour 52,6 km et 1350m de D+.  Les conditions de course s’annoncent très bonnes avec un soleil généreux et une température inférieure à 20 degré car nous allons évoluer au-dessus de 1000m jusqu’au 35km. Il va quand même falloir faire attention à l’hydratation surtout que les points d’eau sont en nombre limité sur la course. J’ai ressorti du placard tout mon matériel de trail acheté pour l’UTMB en 2013 et qui est encore en très bon état. Après deux trails préparés et annulés, il va sans dire qu’il me restait aussi des bars glucidiques et de la poudre de maltodextrine en stock. Certes périmés d’un an mais ce n’est pas une date inscrite sur une capsule qui va me faire peur. Stop au gâchis ! Je mets le tout dans mon sac et mes bouteilles. J’ai décidé de prendre les bâtons car le dénivelé positif et négatif me disent qu’ils vont être utiles.

Le départ est donné, je suis comme à mon habitude à l’arrière à discuter et prévois de faire chauffer la machine très doucement. De toute manière, sur une telle distance, c’est la vitesse moyenne à laquelle on court qui va répartir les concurrents et non leur place sur la zone de départ !

Trans-Aubrac Capuchadou 53km
Trans-Aubrac Capuchadou 53km

Après quelques centaines de mètres, nous quittons peu à peu le bourg pour prendre une petite route qui monte à la station de ski. Après quelques km le goudron disparait et nous voilà enfin dans la nature. Je marche dans les côtes tout en poussant sur les bâtons afin de grimper à bonne vitesse. Je profite des côtes pour m’alimenter et recharger les batteries pour courir à nouveau dès la fin de la montée. Après 12 km de course et 500m de montée jusqu’en haut des pistes de ski de la station,  nous arrivons sur un plateau où nous pourrons courir sur 4km jusqu’à la prochaine montée de 100m. Le terrain n’est pas lisse et il y a beaucoup de mottes d’herbe qui font bien travailler les chevilles et réduisent la vitesse moyenne de course. La descente devrait être assez roulante et nous mènera jusqu’au ravito. Pour ma part, trouvant le ravito placé trop loin, je m’arrête au bout de 2 heures de course vers le km17 pour manger un peu de pain et de taboulé. En effet comme il faut 3 heures pour digérer, la nourriture prise au ravito entre 13h et 13h30 ne profitera pleinement au corps qu’après 16h30 c’est-à-dire bien trop tard. En mangeant du solide à 12h (sachant que le petit déjeuner remonte à 7h du matin), cela me donnera la force vers 15h ce qui fera le pont pendant que je serai en train de digérer le ravito du km23. Cet arrêt volontaire va durer montre en main 5 mn et je rejoins en fait assez rapidement les personnes avec qui je courrais avant de m’arrêter.

Trans-Aubrac Capuchadou 53km

Cela me donne la pêche pour terminer cette première partie et rejoindre le buron de Bouals où nous sommes à une altitude de 1350m après 23km. A ce stade je suis en 371éme position en ayant couru 3h et 3mn.

Trans-Aubrac Capuchadou 53km
Trans-Aubrac Capuchadou 53km

Comme annoncé, le ravito est spectaculaire, installé dans une ancienne grange et richement doté. Il est clair que je ne vais pas goûter à tout mais chacun va pouvoir trouver ce qui l’intéresse et c’est appréciable. Pour ma part, je me focalise sur du salé avec les petits pains rillette, les verrines de taboulé et bien sur la soupe aux pâtes pour l’hydratation salé. Ce ravito doit nous nourrir pour plusieurs heures donc ce n’est pas le sucré qui ne dure que quelques dizaines de minute qui est la priorité. Pour terminer je prends un peu de gâteau cuit à la broche et du pain aux fruits confits et je refais les niveaux. Afin de pallier l’absence de point d’eau en route, j’ai dans mon sac à dos une bouteille d’un litre qui complète les 2 bidons de 60 cl que j’ai devant moi. Cela me fait 2.2 litres pour 25 km ce qui me parait suffisant. Je récupère mes bâtons auprès de Brigitte et me revoilà parti.

Trans-Aubrac Capuchadou 53km

Durant les 7 km suivant, on redescend une centaine de mètres sur la première moitié puis on les remonte sur la seconde partie afin de passer une croupe vers le km30 et de basculer vers la vallée du Lot par la forêt domaniale d’Aubrac. Au km34, je suis en 372 eme position après avoir couru 4h48mn.  Si dans la tête, on se dit que les grosses ascensions sont terminés et qu’en moyenne on va maintenant descendre jusqu’à la fin hormis quatre belles montées de 100 à 150m, la réalité du terrain va être en fait bien plus compliquée ! En effet le tracé suit plus ou moins le lit de la rivière ou de torrents à sec. On est donc soit sur du chemin caillouteux où les bâtons permettent de garder l’équilibre, soit dans des sortes de tourbières où les bâtons sont tout autant utiles. Quant aux remontées, ce sont de grandes pentes étroites de terre que les bâtons m’ont permis de gravir plus aisément.

Trans-Aubrac Capuchadou 53km

A plusieurs reprises nous franchissons des cours d’eau petits ou grand, certain en passant sur des pierres, d’autres à l’aide de cordes ou de pontons. En ce cas, l’eau est clair et permet de nettoyer un peu les chaussures car en réalité nous pataugeons souvent dans les tourbières avec de la boue jusqu’en haut des mollets.  Tous ses obstacles rendent la course plus difficile et au milieu de tout cela, il ne faut pas non plus oublier de s’alimenter. Durant l’avant dernière grande montée de 140m D+ au km42 je profite pour manger une barre énergétique qui m’aidera pour la fin de la course. Il restera encore une côte de 130m à gravir puis ce sera les 5km de descente finale vers St Gêniez. A partir du km40 je compte les km qui ne séparent du km50 en les égrainant un par un. Le début de la descente est très technique et les bâtons sont de grand secours. Au km44.6, je suis en 338eme position après avoir couru 6h39mn. Puis il s’agit de retrouver un équilibre pour avoir une foulée régulière. Avec la descente, les muscles sont très sollicités et ce n’est pas facile. J’ai maintenant bu toute l’eau que j’avais prise avec moi. Je n’ai pas rempli en cours de route afin d’éviter tout poids inutile mais ce sera en fait un peu juste pour la fin. Car après cette longue descente vers St Gêniez, je ne suis pas au bout de mes peines.

Des quais interminables ...
Des quais interminables ...

Des quais interminables ...

En voyant les premières maisons, je me dis que le podium n’est pas loin quand je lis sur ma montre que l’on a passé les 51km. Mais arrivé sur le quai du Lot, presque personne et une piste sans fin à courir sans savoir vraiment où cela va s’arrêter. Ma montre indique km52 puis km53 et toujours rien. On remonte pour arriver dans le camping mais ce n’est toujours pas fini ... Comme tout se passe à l’intérieur d’un gymnase, on n’entend rien et on cherche la ligne d’arrivée. Finalement au bout d’un moment je me retrouve sur une estrade mais je n’ai toujours pas vu de podium écrit "arrivée" donc je pose la question à l’hôtesse ! Ma montre indique 53,8 km et 1413m de D+ soit un km de plus que prévu et qui fut bien long à courir !

Trans-Aubrac Capuchadou 53km
Trans-Aubrac Capuchadou 53km

J’ai mis 7h43 mn ce qui me place en 306eme position au classement scratch (sur 624 arrivants). A 54 ans, je suis encore dans la première moitié des arrivants ce qui est une satisfaction. Dans ma catégorie V2H, je suis 49eme sur 132. Sur les 20 derniers km, j'ai donc gagné 66 places ce qui valide mes choix en termes d'alimentation et de gestion de course. Ce trail a été très positif pour moi car j’ai pu le mener sans souffrir exagérément et j’ai fait de belles rencontres comme toujours sur les trails. Le parcours est le plus technique que je connaisse pour un trail de 53 km avec pas mal de dénivelée, des terrains pas faciles à courir, des descentes techniques et aquatiques et un unique ravito placé à 30 km de la fin. Évidement le trail de 100km me chatouille un peu. En faisant tout plus cool, je me dis que ce n’est pas infaisable pour moi, surtout que les premiers 50 km sont plutôt roulant et moins techniques que les derniers 30km avant St Gêniez. Nous verrons bien d’ici l’an prochain et sur quel format je pourrai me présenter en fonction du temps  que je pourrai libérer pour m’entrainer. Mais il est certain que le fait d’avoir couru le 50km est un gros avantage pour qui voudrait faire le 100km tant le nombre de surprises est important.

En trail en Aveyron, tout fini en Aligot et après la douche au stade de foot, c’est sous le gymnase en regardant les arrivées du 100km que ma compagne et moi degustons cet aligot qui c’était refusé à moi depuis 3 ans.

Trans-Aubrac Capuchadou 53km
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