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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 18:47

La question mérite d’être posée. Car pour ceux qui aiment les raccourcis, leur définition c'est qu'il y a d'une part les marathons (42,195 km) et quand c’est plus long on passe à l’ultra-trail ! Pour avoir fait 12 marathons et plus de 500 km de course en trail et ultra-trail je me dis que ce n’est pas si simple. Tout d’abord la distance elle-même ne renseigne pas beaucoup sur la définition. On pourrait même s’amuser à comparer ce qui distingue un marathon d’un trail de 42 km.

 

Le profil ? Non il existe des marathons avec dénivelé positif (Marathon du Mont Blanc) et des trails courts assez plats.

 

Le type de chemin ? C’est vrai que le marathon aime le bitume et la ville. Quoiqu’il en existe aussi à la campagne et qui empruntent des routes forestières non goudronnées (Marathon des Yvelines).

 

Le nombre de ravito ? On s’approche un peu car ils sont tous les 5km en marathon et plus espacés en trail (2 pour un 42 km en général). Ce qui veut dire qu’en trail on est forcement en auto-suffisance mais on pourrait rétorquer qu’il y a des personnes qui ne mangent rien sur marathon. Il en est d’autres dont je faisais parti qui transportent leurs propres gels sur marathon et n’utilisent les ravito que pour s’approvisionner en eau. Alors sur ce point oui, en trail on porte son eau et pas en marathon. Mais ce n’est pas cela la différence en fait.

 

Pour moi la grosse différence entre les deux types de course réside dans le rythme de la course. Sur un marathon, on vise un temps qui correspond au volume d’entrainement et à sa propre expérience. Et on le vise en partant avec l’objectif de courir à vitesse constante sur toute la course. L’idée en marathon est de trouver le rythme maximum que l’on arrivera à tenir sur la distance. On le calcule en temps au km. Descendu jusque 4mn30 pour moi pour 3h10 à l’arrivée à Paris en 2006. Ce rythme est souvent tenu au prix de souffrances importantes durant le  dernier tiers de la course.

Marathon06_3.jpg

Votre plume en 2006 sur son 5eme marathon de Paris consécutif.

 

En trail, on est en mode finisher. Cela signifie que leur seul objectif commun à tous est seulement de passer la ligne d’arrivée, rien de plus. Alors on est certes bien obligé de suivre un rythme minimum si on ne veut pas être éliminé par les barrières horaires. On ne cherche absolument pas à faire un temps. Car si tel était le cas, on choisirait une course proposant des conditions parfaites c'est-à-dire sans porter son eau et sur une belle piste bitumée comme un marathon le propose. Dans le trail on ne cherche que le plaisir d’être ensemble et de finir sans trop souffrir (même en ultra-trail). A la limite sur un parcours plat de 42 km, la seule chose pour moi qui distingue un trail d’un marathon hormis le fait de devoir porter son eau, réside dans le fait que l’on est dans l’un en limite de souffle sans pouvoir tenir une conversation (si on "optimise" son marathon) tandis que dans l’autre on peut tout le temps parler et même manger pendant la course car on en garde toujours sous le pied. En effet, en trail, comme le terrain est généralement accidenté, le rythme est cassé : on se preserve dans les montées longues en marchant et on relance une fois en haut. Une sacrée difference avec le rythme regulier de chef de gare observé sur marathon.

 

Un marathon laisse beaucoup plus de courbatures qu’un trail car les chocs avec le sol sont plus violents car la vitesse est plus élevée, le sol plus dur (bitume), les chaussures moins renforcées, et les muscles fonctionnent en limite d'oxygène.

 

J’ai fait mes deux derniers marathons à quinze jours d’intervalle, en mai 2011. Le premier avait pour but d’établir un nouveau record sur un parcours très plat (marathon de Senart) mais c’était sans compter sur le vent et ma Vo2 max déjà descendante (je ne fis « que » 3h29 ce jour là). Deux semaines plus tard, j’étais comme promis à mes frères au départ du marathon du Louvres à Lille pour rallier Lens en compagnie de deux de ceux ci. Cependant, comme je n’avais jusque là jamais doublé le marathon sur un temps si court, mon seul objectif était seulement d’être finisher, sans plus. Entre les deux courses, je n’ai pas couru une seule fois sauf 3 jours avant le second marathon pour vérifier que mes jambes n’avaient plus de courbatures. Ce second marathon, vu que j'ignorais si j'arriverai à le terminer, je l’ai en fait couru en mode trail en 4h35 avec pour seul but d'être finisher. Avec des pauses tous les 5 km en marquant l'arret, ce qui a fractionné le rythme. Comme quoi on peut aussi faire un trail sur du bitume sans denivellé !

 

C’est d’ailleurs en courant au coté de Didier Benguigui, non voyant et grand habitué du marathon des sables que j’ai fait la course. C’est lui qui m’enseigna ce jour là les principes du trail et donné l’envie du trail. Ma Vo2 max n’étant plus ce qu’elle était, dès mon retour à la maison, je passait au trail et m’inscrivais aux Templiers sur le 80km, mais ça c’est une autre histoire – déjà compté sur ce blog.

 

Après il y a la classification trail versus ultra-trail. Dans les deux cas, les conditions de course sont identiques. Mêmes ravitos, même tracé, même objectif de finisher seulement. Alors qu’est ce qui fait qu’on a basculé dans l’ultra-trail à force de rallonger les distances comme j’ai fait ? Vous ne voyez pas ? Mais si ! Il y a un petit élément en plus à porter. Allez, vous avez deviné … non ? ......................Il s’agit de la lampe frontale !

 

Photo_night.png

UTMB 2013. La longue cohorte de frontales montant le col du Bonhomme.

 

Et si c’était ça la seule différence vraiment notable entre un trail et un ultra-trail. Le fait qu’il y a des transitions  jour/ nuit.  Ces transitions qui donnent un coté magique à ces courses quand le jour se lève ou se couche, avec ces lumières si particulières. Quand on part de nuit ou bien quand arrive de nuit, cela veut dire aussi qu’il va falloir s’adapter au manque de sommeil. Oui c’est bien le fait de courir avec un certain manque de sommeil qui va faire qu’on entre dans l’ultra-trail. Alors quand on passe 2 nuits sans dormir comme ça a été mon cas sur l’UTMB, on est alors au cœur de l’ultra, avec les hallucinations en plus. Et ça aussi je l’ai raconté sur ce blog !

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